Ebola

Une question de droits humains

Depuis l’été 2014, le virus Ebola est fermement implanté dans la région du fleuve Mano. Les systèmes de santé du Liberia, de la Guinée et de la Sierra Leone, les trois États qui couvrent cette zone, sont parmi les moins performants du monde. Avec un bilan confirmé de 25 050 personnes atteintes et 10 340 décès (situation au 1er mars 2015), l’épidémie est la plus importante jamais enregistrée avec ce virus. Les causes de cette catastrophe sont indissociables des conditions sociales, économiques et politiques de la région.

Pendant des décennies, les politiques nationales et internationales ont négligé les besoins fondamentaux de la population et ont créé les conditions idéales pour la propagation rapide de ce virus mortel. Les droits d’exploitation des ressources minières de l’Afrique occidentale sont attribués à des entreprises internationales à des conditions favorables qui ne les obligent pas contractuellement à réinvestir alors que les systèmes de santé et d’éducation se détériorent.

Populations déplacées et dépossédées

Dans les régions riches en ressources naturelles, des populations sont massivement déplacées et dépossédées de leurs terres. Les migrations liées à la pauvreté et l’exploitation des zones forestières ont également contribué au fait que les populations vivent de plus en plus à proximité immédiate des animaux sauvages porteurs du virus Ebola.

L’accroissement de la méfiance trop souvent justifiée de la population à l’égard de l’État et des autorités nationales en raison de l’approche autoritaire adoptée pour lutter contre l’épidémie est un autre facteur de la propagation rapide du virus. Dans de nombreuses régions, des zones entières ont été bouclées sans garantir un approvisionnement approprié aux personnes ainsi bloquées. Au lieu d’appliquer une politique d’éducation publique, des mesures coercitives ont été ordonnées et mises en œuvre.

Résistance contre les mesures de protection

Les mesures de protection se sont heurtées à une résistance de la part de la population et n’ont pas été suivies. Tout cela montre à quel point la confiance est importante pour lutter efficacement contre les épidémies et c’est précisément cette confiance que le Network Movement for Justice and Development (NMJD), partenaire de medico, inspire grâce à des années de travail au côté des personnes laissées pour compte.

Lors de la guerre civile, ses membres luttaient déjà pour l’équité dans l’utilisation des ressources minières et demandaient l’expansion des centres de santé locaux. C’est ainsi que les nombreux collaborateurs et militants du NMJD ont réussi à limiter la propagation de l’épidémie, grâce à des activités allant de la formation et la coordination des agents de santé bénévoles faisant du porte-à-porte pour informer les gens, à la création de centres de conseils, en passant par la radiodiffusion d’émissions éducatives.

Cette mobilisation des structures locales a contribué de manière décisive à la coexistence pacifique, à la réduction des craintes et à l’acceptation des mesures préventives. Le NMJD s’est également engagé à lutter contre la stigmatisation des survivants exclus de leurs propres familles par méconnaissance de la réalité. Les militants répètent aux personnes concernées qu’elles ne risquent plus d’être infectées par les membres de leur famille ayant survécu à la maladie et elles le leur prouvent en prenant ceux-ci dans leurs bras lors de réunions locales. Un geste simple, mais qui a un effet considérable !  

À la fin de 2014, en Sierra Leone, l’épidémie était contenue, certes, mais pas pour autant vaincue. Toutefois, rien n’a changé en ce qui concerne ses causes et il n’en est que plus important d’aller au-delà de la simple atténuation des souffrances. Ce qui compte, c’est lutter pour la mise en place de mécanismes de redistribution mondiale assurant des soins de santé accessibles à tous et permettant de vivre dans la dignité.

 

Publié: 25. juin 2015

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