Acteurs de médias au Brésil

En d’autres termes

Le monopole médiatique des anciennes élites a été une autre raison de l’échec du projet gouvernemental du Parti des travailleurs (PT). Le portail de débat « Outras Palavras » soutient un point de vue progressiste.

« Chaque défaite majeure est une source de préoccupation, mais certains aspects ont renforcé le sentiment d’impuissance pendant les longs mois du coup d’État parlementaire au Brésil. Comment un parlement dégradé, des médias rétrogrades et des entreprises décadentes pouvaient-ils gagner ? » C’est là le début d’une analyse en plusieurs parties de la situation au Brésil qu’Antonio Martins a publiée en 2016, y compris sur le site de medico. Les interrogations du journaliste sur le rôle des médias dans la destitution de Dilma Rousseff pendant l’été 2016 ne sont pas surprenantes. Pendant des mois, le plus important groupe de médias du pays, Rede Globo, a attisé les protestations de l’aile droite contre Dilma Rousseff, en faisant un battage sur des astuces budgétaires semi-légales qualifiées de trahisons du peuple. Par contre, les médias dominants, propriété d’un petit nombre de familles, donnent très rarement des détails sur la corruption dans les partis conservateurs et leurs politiques clientélistes d’enrichissement personnel. Pendant les treize années de pouvoir du PT, il n’y a pas eu de changement dans le monopole des principaux médias – par exemple les subventions accordées aux entreprises de médias privées.

Antonio Martins confronte cette domination avec d’autres informations et une forme différente de communication. Ex-activiste d’Attac et co-fondateur des Forums Sociaux Mondiaux ayant vu le jour à Porto Alegre, au Brésil, en 2001, Antonio Martins cherche depuis des décennies des alternatives à la socialisation capitaliste. Après avoir été rédacteur adjoint de l’édition brésilienne du Monde diplomatique, il a, avec d’autres journalistes, fondé Outras Palavras en 2009. Ce portail d’actualités et de discussions, soutenu par medico depuis 2016, associe le journalisme critique aux nouvelles solutions de communication – dialogue et participation, réseaux sociaux, blogs, et par-dessus tout ateliers et séminaires sur le journalisme. L’étroite coopération avec un réseau majeur permet aux rédacteurs, à São Paulo, de produire des actualités quotidiennes et des articles de fond. Conformément à sa recherche constante d’alternatives sociales, le portail critique également le modèle de développement mettant l’accent sur l’industrialisation et les megaprojets que les gouvernements du PT ont également soutenus, malgré l’opposition des populations autochtones et les protestations de la gauche.

Antonio Martins explique que la prise du pouvoir par un gouvernement de droite force la rédaction à s’opposer au démantèlement de la politique sociale et à réévaluer l’échec du projet gouvernemental progressiste. Son analyse se termine par une question qui est également un défi : « La lutte contre le système brésilien et les inégalités est plus urgente que jamais. D’un autre côté, la défaite de la gauche témoigne de l’échec d’un projet auquel nous étions tous associés d’une façon ou d’une autre. Sommes-nous suffisamment audacieux pour surmonter ce projet et aller au-delà ? »

Moritz Krawinkel

Publié: 10. mai 2017

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