Culture de la défaite

Les partenaires afghans de medico au service d’une démilitarisation par le bas

Même si le nombre des victimes de mines en Afghanistan a baissé de 60 % au cours des dernières années, il n’en reste pas moins que des dangers pour l’intégrité physique et la vie guettent partout, sur les sols, sur les champs, sur le chemin de l’école ou sur celui menant au village d’à côté. Les partenaires afghans de medico, l'organisation pour le déminage et la réhabilitation de l'Afghanistan (Organisation for Mine Clearance and Afghan Rehabilitation - OMAR) et le centre de détection de mines à l’aide de chiens (Mine Detection and Dog Center - MDC), qui comptent chacun plus de 1 000 collaboratrices et collaborateurs choisis au sein de différents groupes ethniques, ne se contentent pas seulement de débarrasser le sol des mines. Avec l’aide de medico, Omar entretient des "écoles mobiles" qui offrent des informations sur les mines pour les filles. À Kaboul, le MDC exploite une polyclinique qui, six jours par semaine, traite gratuitement jusqu’à 150 patients par jour.

Le travail de ces ONG s’inscrit dans le contexte d’un conflit dont l’issue, au lieu d’avoir été facilitée par l’intervention de l’OTAN, n’en a été rendue que plus difficile. Le retrait annoncé des troupes internationales risque de voir le retour en force des Talibans et de consolider davantage le pouvoir des différents seigneurs de la guerre. Dans la période sous revue, medico a, conjointement avec d’autres organisations non gouvernementales, engagé le débat avec des politiciens et des représentants de l’armée fédérale allemande en insistant pour qu’une autre politique, s’appuyant sur la détresse de la population afghane et non pas sur les intérêts géostratégiques des grandes puissances, soit adoptée pour l’Afghanistan. Ce que nous avions écrit alors reste vrai, à savoir, que l’échec essuyé en Afghanistan devrait au moins servir à tirer les leçons des erreurs commises. Cela supposerait, il est vrai, d’accepter une "culture de la défaite" et de mettre un point final à l’idée malencontreuse que les conflits peuvent toujours et partout être résolus par des moyens militaires. En l’absence d’institutions internationales légitimées par voie démocratique, qui peuvent décider d’une action militaire destinée à protéger les droits humains universels, et sans l’instauration de conditions justes et équitables dans le monde, l’idée de la "responsabilité de protection internationale" n’est qu’un alibi visant à renforcer la prédominance de l’Occident.

Publié: 27. août 2012

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